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L’improvisation théâtrale : l'école du coach en devenir

Salut internaute,

Il y a plusieurs années j’ai fait de l'improvisation théâtrale et ça m’avait beaucoup plu. Même débloquée si l’on peut dire.

Janvier 2018, mois des résolutions, je décide de reprendre l'impro. Déjà parce que mon changement de métier m'amène à de plus en plus parler en public. N'étant pas la plus à l'aise face à un groupe, j'ai envie que cela devienne plus fluide.

Egalement, je pense que ça peut être un bon moyen de m'amuser, d'apprendre et de rencontrer d'autres personnes issues de différents univers/métiers.

Et là, révélation : plus j'en fais (2h30 par semaine), plus je me dis que tous les apprentis coach devraient passer par là : on trouve beaucoup de similitude entre la posture du coach et celle du jouteur.

Je vais donc m'attacher à te raconter les grandes règles que je retiens de mes cours d'impro et des matchs effectués. Je suis certaine que tu trouveras de fortes similitudes.

- Définir un cadre souple où chacun aura la liberté de s'exprimer

Avant de rentrer sur scène, l'arbitre (en l'occurrence le prof pour ma part) donne un thème et les jouteurs ont 20 secondes pour déterminer un personnage, une situation, un lieu, une intention (si possible), une manière de donner des repères aux jouteurs. En quelque sorte, un : qui ? quoi ? où ?

Ce « caucus » donne du sens : il permet de s’appuyer sur une base lorsqu’on ne sait pas où aller et d’alimenter les partenaires de jeu sans les enfermer dans un domaine restreint.

Je facilite donc la compréhension de mes coéquipiers sans pour autant les freiner dans leur imagination.

Chez mes clients, c'est exactement cette posture que j’emploie : je fais en sorte que les supports utilisés soient plus un moment ludique et libèrent la parole. Le cadre donné structure mais ne bride pas. C’est en ayant ce cadre que les clients peuvent avoir cet espace de création.

-Vis le moment présent : rends-toi disponible

Exit l'anticipation ! Plus je pense les choses en amont, plus je les impose. De plus, je ne suis plus en écoute active et risque de louper des informations capitales pour une meilleure compréhension et donc un échange fluide.

Cela risque de contraindre mon/mes coéquipier(s). Il(s) aura(ont) plus de mal à lâcher prise ou ne se fera(ont) pas comprendre comme il(s) le souhaite(nt). Peut-être se sentira-t-il en décalage ou pas écouté. À coup sûr, l'impro fera flop ou paraîtra poussive !

L'anticipation revient à faire des estimations. Rappelle-toi que tu ne maîtrises pas tous les paramètres et n'es pas seul à la barre du navire. Chaque rôle à son importance pour aller, ensemble, dans la bonne direction. L’art de l’improvisation consiste à rebondir sur ce que vient de dire l’autre, rester ouvert à toute proposition. Pas besoin d’avoir d’idée. La réponse est en l’autre.

- Garde l'œil ouvert

Ou devrais-je dire observez sans intention. Plus j'observe mes coéquipiers, plus je m'applique à les comprendre et à lâcher prise. Je leur fais confiance et je me fais confiance. En étant attentif, à l'écoute du ton, des gestes et surtout du contact visuel, je me meus dans l'univers qui m'est proposé. J’écoute alors ce que je ressens et agis en conséquence je ne cherche pas à savoir si c'est bien ou moins bien que ce que j'imaginais. Je ne le saurais pas alors autant profiter à fond et donner le meilleur de moi-même.

La communication orale, visuelle et gestuelle est très importante. Elle nous donne toutes les infos dont nous avons besoin pour échanger et répondre facilement tout en étant cohérent sur l'histoire improvisée.

Au moment où j'écris cela, j'imagine Alice aux pays des merveilles, tombant dans cet univers abracadabrant, croisant des créatures plus étranges les unes que les autres mais allant à la rencontre de chacune et échangeant avec curiosité et bienveillance.

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- Bannis le "oui mais" pour un "oui et"

Encore une fois, trop d'anticipation donne lieu à une mauvaise improvisation. J'accepte de me laisser embarquer dans un autre univers que celui auquel j’avais pensé 30 secondes avant d'entrer sur scène. Je me laisse guider et j’accueille ce que l'autre me propose. Il me fait un don et me facilite la tâche. Utile et bienvenue, je l'accepte et le modèle à mon envie en congruence avec l'univers dans lequel je me trouve.

En tant que coach, accepter que tout ne fonctionne pas comme prévu est très important.

La notion de temps également; le prendre surtout. Laissez le temps dont l'organisation ou la personne a besoin, se mettre au rythme pour mieux accompagner. C'est ainsi que le "oui", ou l'acceptation si tu préfères, entre en jeu dans ton quotidien.

- Sois maître de ton personnage, de ton dialogue.

Accepter, dire oui, vivre le moment présent et observer ne doit en aucun vous abstenir d'être vous ! Exprimer et embarquer est tout à fait possible en disant "oui" ! Par exemple, dans l'impro en cours, j'exprime que je change de couleur de peau suite à une plante et là, mon co-équipier me dit que des écailles me poussent. Au lieu de refuser, j'accepte d’avoir des écailles et l'utilise pour me transformer en serpent.

Je ne vais pas à l'encontre de la transformation que j'avais amorcée dans mon histoire, je la modifie avec les éléments ajoutés par mon co-équipier.

- Feedback et bienveillance seront tes alliés

Au sein du groupe dans lequel je suis, le mot bienveillance est vécu. Je me suis posé la question de savoir par quoi il se matérialisait.

Tout d'abord la bienveillance du prof : il capitalise sans cesse sur ce qui a bien fonctionné dans nos interactions groupées et individuelles. Le groupe fait de même lorsqu'il donne son avis sur un jeu. Il se calque sur le même mode de communication : ce sur quoi il faut capitaliser et les points d'amélioration avec les « tips » qui aident pour la prochaine fois.

Je t’assure que même les plus timides ont envie de revenir ! On apprend de nos erreurs et chacun s'entraide à se faire grandir. La preuve en est : un des jouteurs doit passer un oral et nous demande de faire une séance en jouant le jury. Si ça c'est pas de la confiance envers ses coéquipiers. :)

- Accueille les émotions

Ici le feed-back aide beaucoup : "quand tu as fait ça, j’ai ressenti ça et ça a provoqué..." Whaou ! Si on m'avait dit que c'était à cette occasion que j'allais pouvoir explorer plus en profondeur mes émotions et les exprimer librement, je vous assure que j'aurais commencé bien avant.

Egalement, nous avons la possibilité de réagir de toutes manières possibles lors des joutes : mon interlocuteur rit ? Je peux rire avec lui, le snober, pleurer, ... peu importe cela donnera lieu à une réaction et à une improvisation autour de nos émotions (différentes ou non). En répondant, j'accueille les siennes et vice et versa. Toujours avec bienveillance.

Passe à l’action

Il est bon en impro de ne pas rester dans sa « zone de confort ». Un improvisateur est un peu comme un funambule, il est sur un fil et peut tomber à tout moment, c’est cet état de veille et de vigilance qui rendent les impros d’autant vivantes, et palpitantes pour les jouteurs et le public. Si les improvisateurs ne prennent pas de risque, ils n’auront pas la même envie d’atteindre leurs objectifs. Le principal moteur pour faire venir cette envie, ces émotions, ce qui va directement se communiquer aux autres, est l’action. L’important est d’y croire et de s’engager. Si l’on fait l’action sans conviction, les autres ne vont pas la voir ou la recevoir alors que si l’on est motivé/convaincu et que l’on met de l’importance/de l’enjeu dans tout ce que l’on fait, il va être plus facile pour les autres de proposer quelque chose en retour.

Il y a certainement d’autres règles. Je te partage celles qui me semblent essentielles ; qui font le parallèle entre la posture de coach et l’impro.

N’oublie pas : tout est lié.